📌 Points clés à retenir
L’IVG est un droit légal ouvert à toutes les femmes, majeures ou mineures, en France jusqu’à 14 semaines de grossesse. Deux méthodes existent : l’IVG médicamenteuse (jusqu’à 7 semaines) et l’IVG chirurgicale (jusqu’à 14 semaines). La procédure comprend plusieurs rendez-vous, dont une consultation d’information, le choix de la méthode, l’intervention elle-même et un contrôle final. Les mineures peuvent avorter sans autorisation parentale si accompagnées. Le soutien psychologique est systématiquement proposé. L’IVG est prise en charge à 100% par la Sécurité sociale. Il ne faut pas la confondre avec l’interruption médicale de grossesse, liée à des raisons de santé. Le droit à l’IVG pourrait prochainement entrer dans la Constitution française.
L’interruption volontaire de grossesse (IVG) permet à toutes les femmes, majeures et mineures, d’interrompre toute grossesse non désirée dans un délai de 14 semaines. Comment se déroule une IVG ? Quelles sont les étapes préalables à l’intervention ? Elia s’attaque à ce vaste sujet et vous explique tout en détails…
Qu’est-ce que l’interruption volontaire de grossesse ?
L’IVG ou Interruption Volontaire de Grossesse est une intervention à l’initiative de toute femme enceinte et consistant à interrompre une grossesse non désirée. Elle est permise à toutes les femmes en situation de “détresse” en raison de cette grossesse.
La légalisation de l’avortement remonte à 1975 (ou plutôt, sa dépénalisation), que nous devons en grande partie à Simone Veil, grâce à qui la Loi Veil du 17 janvier 1975 a vu le jour. La législation rappelle d’ailleurs que “la femme est seule juge de cette situation et est libre de sa décision” : une phrase qui a son importance, et prévoit que le choix de poursuivre ou d’arrêter une grossesse appartient à toute femme qui estime ne pas souhaiter cet enfant.
En France, l'IVG est donc un acte médical, volontaire, et totalement légal, définition qui permet aux femmes de mettre un terme à une grossesse pour des raisons personnelles. L’acte peut être médicamenteux ou chirurgical, et a pour but d’expulser le fœtus ou l’embryon hors de l’utérus.
“La liberté des femmes de recourir à l’interruption volontaire de grossesse” est un droit qui devrait d’ailleurs être inscrit prochainement dans la Constitution, selon les annonces d’Emmanuel Macron le 8 mars 2023 dernier lors de l'hommage national à l'avocate Gisèle Halimi.
Attention à ne pas confondre avec l'interruption médicale de grossesse, qui est déclarée par un médecin lorsque la grossesse met en danger la santé de la mère.
Quelles sont les techniques pour l’interruption volontaire de grossesse ?
À l’heure actuelle, il existe deux méthodes pour réaliser une IVG : la méthode “médicamenteuse” et la méthode “chirurgicale”, dont les procédés et les délais pour y accéder sont différents.
IVG médicamenteuse (7 semaines)
L'IVG médicamenteuse est l’option la plus “facile” d’accès pour mettre fin à une grossesse. Elle est réalisée en établissement de santé (hôpital public ou clinique), en cabinet médical, dans un centre de planification ou dans un centre de santé habilité.
Cette méthode connaît plusieurs délais différents selon le lieu de réalisation : en établissement de santé, elle est possible jusqu’à la fin de la 7ème semaine (soit 9 semaines d’aménorrhée, comptées à partir du début des dernières règles). Ce délai a été étendu en 2021, au moment de l’épidémie de Covid. Dans un cabinet de ville, un centre de planification ou un centre de santé, l’IVG médicamenteuse est possible jusqu’à la 5ème semaine de grossesse (soit 7 semaines d'aménorrhée).
IVG chirurgicale (14 semaines)
L'IVG chirurgicale est réalisée dans un établissement de santé (clinique ou hôpital public) à l’aide d’instruments ou par aspiration. Elle peut également avoir lieu dans un centre de santé habilité à condition qu’il possède une convention de coopération avec un établissement de santé.
Cette méthode peut être pratiquée jusqu'à la fin de la 14ème semaine de grossesse, autrement dit 16 semaines après le début des dernières règles (16 semaines d’aménorrhée).

Comment se déroule l’interruption volontaire de grossesse ?
L’interruption volontaire de grossesse est une procédure qui se fait en plusieurs étapes, ou plutôt, consultations.
Concernant l'IVG médicamenteuse dans les établissements de santé et hors établissement de santé, elle est constituée d’une consultation d'informations, suivie par une consultation avec délivrance des médicaments (en deux fois) et d’une visite de contrôle a posteriori pour s’assurer que l’embryon a été correctement expulsé.
Premier rendez-vous : s’informer sur l’IVG
Le premier rendez-vous a pour objectif de faire confirmer la grossesse, et surtout de connaître son avancée (date des dernières règles, circonstances, etc.) ainsi que les motifs qui ont poussé ce désir d’IVG. La patiente bénéficie d’informations complètes sur le déroulé de l’avortement, mais aussi sur les aides possibles si toutefois elle souhaite garder l’enfant. L’accent est mis sur les méthodes de contraception possibles.
Cette première consultation permet également de prescrire un test sanguin afin de connaître le groupe sanguin de la femme. Cette dernière bénéficie d’une semaine pour réfléchir avant de se décider (délai non obligatoire, raccourci à deux jours si la grossesse est trop avancée).
Toute femme majeure se verra alors proposer un entretien social, obligatoire pour les patientes mineures : cet entretien a pour objectif de comprendre le contexte social et surtout, de connaître l’état psychologique de la personne.
Deuxième rendez-vous : choix de la technique et consentement
La deuxième consultation (qui a lieu après la semaine de réflexion) permet de faire confirmer à l’écrit la patiente son souhait d’avorter, et donc son consentement. Le professionnel de santé chargé de la procédure lui remet une copie de sa demande, et peut prescrire le moyen de contraception choisi si elle n’en avait pas.
Troisième rendez-vous : déroulement de l’IVG
L’IVG médicamenteuse est réalisée lors de la troisième consultation : cette option évite le recours à une chirurgie, puisqu’elle consiste en la prise d’un médicament en deux fois, espacés d’un ou deux jours : la mifépristone puis le misoprostol. La première prise a lieu en présence du professionnel de santé lors de la 3ème consultation (ce qui a pour but de contrôler la prise et d’éviter la revente ou le don à une tierce personne), et la deuxième prise durant une courte hospitalisation le lendemain ou le surlendemain.
La mifépristone interrompt la grossesse en bloquant l’action de la progestérone. Mais c’est le deuxième médicament (également pris par voie orale), le misoprostol, qui entraîne des contractions utérines, et garantit l’expulsion de l’embryon. Si besoin, la patiente peut prendre des antalgiques pour atténuer la douleur.
L’IVG chirurgicale est également réalisée lors de la troisième consultation de la procédure d’avortement : la patiente est hospitalisée en hôpital de jour et bénéficie d’une anesthésie locale ou générale. Le médecin procède à une aspiration de l'œuf à l’aide d’une canule d’aspiration, qui passe par le vagin avant de passer le col de l’utérus (aspiration endo-utérine). La dilatation du col de l'utérus est facilitée par la prise d’un médicament. Cette intervention dure environ une dizaine de minutes et la patiente peut généralement sortir le jour même. Dès que l’IVG est effectuée, la mise en place d’une contraception est indispensable afin d’éviter tout risque de grossesse dans un délai trop rapproché.
Quatrième rendez-vous : visite de contrôle
Le quatrième et ultime rendez-vous est un contrôle non obligatoire mais vivement conseillé. L’objectif est de vérifier que l’utérus est bien “vidé”, et qu’aucune grossesse n’évolue (grâce à un dosage de l’hormone béta-hCG). Cette consultation a lieu 2 et 3 semaines après l’IVG. Une aspiration endo-utérine est pratiquée en cas d'échec de l'IVG médicamenteuse. Lors de cette visite, un accompagnement psychologique est proposé à la patiente.
Peut-on se rétracter pour une interruption de grossesse ?
L’IVG étant un droit qui appartient au choix personnel des femmes, c’est en toute logique que ces dernières pourront se rétracter au cours de la procédure, même si le consentement écrit a déjà été signé. La rétractation doit être à l’initiative de la femme et ne pas être le fait de la volonté d’une personne tierce.
Comment se déroule l’IVG pour une fille mineure ?
Pour une fille mineure, l'autorisation parentale n'est pas nécessaire pour solliciter une IVG médicamenteuse ou chirurgicale, à condition que cette dernière soit accompagnée d’une personne majeure. Mais la règle de base reste d'obtenir le consentement parental.
Les patientes mineures doivent au préalable bénéficier d’un entretien psychosocial avec une conseillère conjugale et familiale. Si elles souhaitent conserver l’acte secret, il leur est possible de s’adresser à un centre de planification familiale et de demander le secret de la réalisation de l'acte, de manière à ce qu’il n’apparaisse pas sur la carte vitale. Petite précision toutefois : si l’IVG nécessite une anesthésie, la femme mineure devra quitter l’établissement en compagnie d’un accompagnant majeur.
Après l’avortement : est-ce qu’un suivi psychologique est nécessaire ?
Bien que non obligatoire, certaines femmes peuvent éprouver des difficultés à se remettre d’un avortement. Troubles du sommeil, troubles anxieux, stress, sentiment de culpabilité, tristesse … dans ce cas, il est recommandé de prendre contact avec un psychologue ou un psychiatre afin de bénéficier d’une écoute bienveillante et de trouver des solutions adaptées.
Dans tous les cas, les professionnels de santé qui ont pris en charge l’IVG sont dans l’obligation de proposer un soutien psychologique à la patiente et de la rediriger vers une personne habilitée à réaliser ce suivi.
Quelques chiffres sur l’avortement IVG en Europe
Maintenant que nous avons fait le tour de la question, petit bilan sur les chiffres en Europe concernant l’avortement :
- Parmi les 27 États membres de l'Union européenne, 24 pays ont légalisé ou dépénalisé l'avortement, sans besoin de justification de la part de la femme ;
- L'Islande et la Suède sont considérés comme les pays ayant les politiques les plus protectrices et efficaces en termes du droit des femmes à l'IVG ;
- En Finlande, l'IVG est autorisée avant 17 ans jusqu'à la vingtième semaine de grossesse ;
- Le Portugal a légalisé partiellement l'avortement en 2007, et en voit le nombre augmenter chaque année depuis lors.
La FAQ de l’interruption volontaire de grossesse
Est-ce qu’un avortement est payant ?
En France, l’IVG est prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale, sans avance de frais, que la patiente soit majeure ou mineure.
Comment se faire prescrire une pilule abortive ?
La pilule abortive est délivrée lors d’une IVG médicamenteuse, après un premier rendez-vous d'information, un consentement écrit, puis une prise du traitement en deux étapes.
Quels sont les motifs pour faire une interruption de grossesse ?
Une IVG peut être demandée pour toute grossesse non désirée, sans justification. Les raisons peuvent être personnelles, médicales ou liées à un contexte difficile.
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🔬 Sources scientifiques et institutionnelles
-
ivg.gouv.fr (site officiel) :
L’essentiel sur l’IVG, ses méthodes, ses délais et ses droits 👉 Lire -
Service‑public.fr :
Délai légal de recours à l’IVG — médicamenteuse et instrumentale 👉 Lire -
Vie-publique.fr :
Loi du 2 mars 2022 — renforcement du droit à l’avortement et allongement du délai légal 👉 Lire -
Wikipédia :
Interruption volontaire de grossesse en France — historique, législation et prise en charge 👉 Lire